Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 3 décembre 2011

LA BRUME DU MATIN

Cycle pyrénéen

Le froid transit les bras immobiles
De l’arbre amputé de ses atours,
Engourdit même les plus habiles
Des êtres qui font, là, un détour.
De la mort d’un jour sans contour
Jusqu’à l’agonie, toute impavide,
De la nuit,
Sans bruit,
Des draps s’accrochent au vide,
Des lambeaux de linceul pendent aux tours,
Engloutissent le décor, avides.
Envahie par les orties du temps,
La terre du val fume une brume
D’écume, fantôme déroutant
Qui se meut, jamais ne se consume,
Léger, dans son costume posthume.
Au cœur vaporeux d’un chemin creux.
Des fougères,
Étrangères,
Se noient dans ce voile langoureux,
Perdues dans un vieil amas de grumes
Auquel s’adosse le jour peureux.
La chair limpide de l’air livide
Estompe le proche et le lointain
Et le vent humide, las, n’évide
Pas les nues où le soleil s’éteint
Et déteint, s’accroche au ciel sans tain.
En duvet diaphane, en blanches plumes,
L’horizon,
En prison,
Dans les rets et les lacs de la brume
Qui a envahi ce frais matin,
Sait que les cieux essoufflés s’enrhument.
Seul, aux racines du jour, longtemps,
Le vent retient son souffle, immobile,
Dans le silence de pénitent
Qui enveloppe tout, indélébile,
De pâles volutes volubiles
Errant dans la combe et alentour.
Messagères
Passagères,
Les larmes de l’aurore, à leur tour,
Figent en colliers de perles labiles
La fraîcheur gommant le chant des tourds.


Illustration : Camille Lesterle, mars 2014

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