Petite fable affable
De labeur las, les bovins de la ferme,
Bossus à force de bosser,
Des taiseux, qui d’ordinaire la ferment
Et que, sans fin, on peut rosser,
Se mirent, un certain matin, en grève :
« Le bât trop lourd, le joug trop dur,
Le char chargé jusqu’à ce qu’on en crève,
Ça suffit ! ». Mis au pied du mur,
Le fermier du lieu leur tint ce langage :
« Mes amis je ne comprends pas :
Un bât par trop lourd sur votre dos est gage,
Non que je vous souhaite trépas,
Mais qu’il comporte des planches et des poutres
Pour votre abri et ma maison ;
Char plein de grains, l’est de fourrage en outre
Pour vous seuls… et mes Frisons ;
Le joug qui vous fait ployer et vous blesse
Tracte charrue comme semoir,
Faucheuse, moissonneuse sans faiblesse :
Mon grenier plein jusqu’au fermoir
Entretiendra ma table et votre crèche,
De l’automne jusqu’aux chaleurs.
Si vous me laissez tout seul sur la brèche
Viendront les pleurs et les douleurs
Car la faim, le loup et le froid tuent vite. »
Ajoutant pour les plus râleurs :
« À reprendre ouvrage je vous invite.
J’oublierai la rage et les cris ;
Sinon quittez vos auges, votre étable. »
La crainte de finir proscrit
Assagit rétifs et indécrottables.
La meilleure des baguettes est la peur,
Pour la bête comme pour l’Homme :
L’agiter peu suffit, en somme,
Pour que reviennent silence et torpeur !
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