Petite fable affable
Quelque villageois avait trouvé
Un œuf de serpent qu’il fit couver
Par la plus abrutie de ses poules ;
Mais il est vrai qu’il en avait foule.
Chez lui, habitaient les animaux
Les plus divers sans dommage ni maux.
Mais amener ce gros œuf à sa ferme
Serait la mener à perte, à terme,
Lui disait-on, et sur tous les tons.
Il se moquait du qu’en-dira-t-on !
De la couvée naquit une pythone,
De ces vertes contrées autochtone.
Se couchant, se lovant ou rampant
La bête grandit clopin-clopant.
On craignait pour l’homme. Et pour ses poules.
Rien n’advint hors le temps qui s’écoule…
Le ciel lui avait aussi donné
Un tout jeune daim abandonné.
Dès l’abord, la serpente en est folle.
Elle ne le quitte pas, le colle,
Et l’embrasse et l’étreint tout le jour,
Et l’enlace et le ceint tous les jours.
Au village, ce fait formidable
Fit douter, rire ou craindre un pendable
Tour du plus retors des grands serpents.
Mais ils s’aimaient comme chenapans.
Nos amoureux devinrent adultes,
Dans les jeux, les joutes, le tumulte,
Car leur amour grandit avec eux.
Parfois, elle dévorait des yeux
Son daim lui susurrant, d’un ton tendre :
« Tout vient à point à qui sait attendre ! »
Elle n’eut guère à le faire, ma foi,
Lui faisant son affaire en un’ fois !
« L’Amour est aveugle » disaient nos mamans.
Cela, pour autant, ne veut pas dire
Que les deux amants le soient également.
Dans ce cas, il faut s’attendre au pire !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire