Petite fable affable
Au temps où le bon Saint-François partout prêchait,
Un ermite, vivant dans un trou de montagne,
Cohabitait avec un vieil ours mal léché.
Ils partageaient l’antre, non leur sort en campagne :
L’ours faisait chère de miel à tous les ruchers ;
L’homme quêtait son pain, son vin parfois un pagne.
Ainsi, le plantureux plantigrade, fessu,
S’en allait faire une sortie habituelle
Où il rapinait, en riant comme bossu
De voir les abeilles, bruissante gestuelle,
S’activer, fourmiller, à toutes les issues
Pour le sustenter de façon perpétuelle.
De son côté, lassé de sa marche, le Saint,
La conscience aussi vierge que l’est sa bourse,
Aimait à boire l’eau d’un petit lac très sain.
Après avoir pillé, tout au long de sa course,
L’ours était parti aux baies sans tracassin.
Il arrive au lac, voit dans l’eau l’homme sans ressource.
L’ascète trempé a, lui dit-il, le bourdon :
Des apidés fâchés l’ont attaqué en lâches ;
Ne pouvant lutter ni implorer leur pardon,
Il a plongé pour que partent ces peaux de vaches.
L’ours décide de mettre aux chardons, aux brandons,
La première ruche venue, par Saint Eustache !
Cheminant aux côtés d’un ami dont le lard
N’a jamais craint les dards, notre homme, un peu, poltronne.
Des essaims assemblés attendent le rossard,
Se déchaînent contre eux tant que l’air en ronronne.
Les deux compagnons, faits comme rats, sans rempart
Succombent aux hordes qui, là, les environnent…
Aide tes amis, ils t’en sauront gré à vie,
Mais si c’est pour une mauvaise affaire
Par leur faute, avec eux, tu seras poursuivi…
Aussi choisis-les bien ou sache t’en défaire !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire