Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 11 décembre 2011

LE LAVOIR OÙ ÊTRE

Cycle toulousain

Les femmes du village à l’œil méfiant,
Le babil brillant et le battoir bruyant,
S’activent au lavoir. Ça salamalèque,
Prêtes à s’enflammer comme l’amadou
Pour quelque mot de travers, car ces mounèques
Te sont bien plus curieuses qu’un pissadou.

On picanhe les celles au mari fuyant,
 Celle qui éborgne l’homme imprévoyant,…
Et tout en mascagnant son linge, on conteste
Aux filles le droit de courir guilledou.
On en sait, ici, les moindres faits et gestes ;
, on est curieuse comme un pissadou !

Toutes se tarabustent en se surveillant
Les droles, les sous-entendus malveillants
Dans un parler crû dont rougirait l’évêque
Chaque mot affûté comme un tailladou.
Vrai, ça moussèque, ça roussègue et rebèque
Quand on est curieuse comme un pissadou.

En trayant son drap, le front tout rougeoyant,
Une mal farguée qu’a le cœur clairvoyant,
Se hérissonne mais, en silence, peste,
 Contre la rapias qui murmure, tout doux,
Des choses en la regardant. Jamais en reste,
Elle est bien plus curieuse qu’un pissadou.

Car cette souillon, qu’un couillon, en payant,
A marié tard te travaille en se grouillant.
Elle aime se faire peser les pastèques
Et aller aux respounjous avec Bardou.
On n’épargne personne, tout se dissèque
Quand on est curieuse comme un pissadou.

On juge ici les girons trop accueillants ;
On distille cagades et faux-fuyants.
On s’atisse, on rone, on ruque et on proteste
Mais sans partir, quoi qu’on remue la gadoue :
Ce serait donner pla raisou à qui reste
Et qui est curieuse comme un pissadou.

Le lavoir, ma mie, c’est un lieu effrayant :
C’est le tribunal des femmes, foudroyant
L’inconduite des unes et le saindoux
Des autres. Oc, personne n’y fait le quèque :
Le parpal tout humide on y file doux
Mais ça finit, parfois, avec force tèques
Pour qui est curieuse comme un pissadou.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire