Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 3 décembre 2011

TEL EST LE CHEPTEL…

Petite fable affable

Un berger était aimé de ses moutons.
Le pied point trop pressé, douceur dans le ton,
Il allait en son cheptel, non comme un maître,
Mais comme un frère, un père ou un bon ami ;
Pour le rassurer, il n’avait qu’à paraître,
Lui qui n’était qu’aménité, bonhomie.

Il leur cherchait, se disait-on chez ses bêtes,
L’eau la plus claire et, mieux, la meilleure herbette
En des pâturages jamais trop lointains ;
Il faisait tout pour que rien ne les défrise
N’ayant, en clair, qu’à songer à leurs festins.
Quant à l’étable, elle était toujours bien mise.
Brebis et béliers étaient en Paradis,
Seuls avec lui, au cœur des monts du Midi :
Sous leurs pieds jamais de route trop raide, 
Sur leur dos, pas de pluie ; l’ombre des pinèdes !
Accouchant et soignant les plaies de caillou,
Le bon pasteur veillait sur les malades ;
Sachant les préserver de l’ours et du loup,
Ses chiens n’étaient ni morsure ni griffade.

Ainsi le troupeau crût bien plus qu’à demi,
Et put quitter, un soir, ses plaisirs champêtres,
Pour la Ville. Il y connaîtrait l’infamie
De la boucherie qui allait s’en repaître,
Conduit, pied point trop pressé, douceur de ton,
Par ce berger tant aimé de ses moutons.

Hommes ou bêtes, ne vous fiez pas au pastou :
S’en remettre, en tout ou partie, à quelque maître
Aussi bon paraisse-t-il, c’est se compromettre
À son intérêt seul, non au vôtre, et c’est tout !

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