Petite fable affable
Recevant chez lui, du lundi au jeudi,
Un très vieux renard, aussi roux que roué,
Qu’on disait sage, qu’on croyait érudit,
Se vantait d’être un mage, un devin doué,
Versé dans toutes les sciences occultes,
Vouant aux astres un véritable culte.
Il avait prospéré, commerce et renom,
Sur la crédulité, les sens, les passions,…
On chantait sa vie, ses vues, louait son nom
Et la justesse de ses révélations.
Tous venaient à ce fûté dans sa province :
Jeunes, vieux, hommes, femmes, manants et Prince.
Mais « à malin, malin et demi », mon ami,
Et , bien pis, « tel sera pris qui croyait tous prendre »,…
Car la crédulité est une épidémie :
Notre Maître Goupil à force d’aller vendre
Du vent et du sable, goûta son alchimie.
Il finit par se prendre au jeu de voyance
Jusqu’à y perdre son peu de clairvoyance.
Il se tirait les cartes tous les matins
Pour s’annoncer une très bonne journée,
Cela ne faillissait pas : sauce et gratin !
Plus fort que le sort, comme il avait bon nez !
Or, il advint qu’un beau jour c’est la malchance
Qu’il lut dans les tarots. Devinez l’ambiance !
Il décida de rester coi, en son lit ;
Puisque ce jour-là serait des plus pourris,
Il ne se lèverait pas avant complies,
Fuyant la fatalité qui l’a nourri !
Voyant son maître qui geignait, fort mal allant,
La bonne tant tancée, une vieille fouine,
Le borda en son lit… supprimant tout ballant.
Celle qui apprit tant de lui, en chafouine,
Put donc le dépouiller jusqu’à son dernier gland !
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