Ma Belle, t’arrive désormais l’âge
Où les filles songent au mariage
Mais les garçons sont débauchés, volages,
Et, quand ils ont couché, tournent la page.
Fuis les maris chafouins qui t’envisagent,
Les marins sagouins entre deux voyages,
Deux ports et autant de femmes peu sages,
Le baragouin des Malouins de tout âge
Et la lippe des marsouins de bocage
Traquant fille facile et pucelage !
Ia, l’homme ça fait des arrêts
Dans tous les cabarets
De Nantes jusqu’à Camaret
Et ça joue du jarret,
Ait-il au pied fil de caret,
Au premier mascaret…
Mon Enfant, méfie-toi de ces promesses
De robe blanche, d’anneau et de messe
Qui ont mis au licol plus d’une ânesse.
Les gars, tu sais, ont l’âme pécheresse
Quand ils n’ont que mots et mains qui caressent,…
Une seule chose les intéresse.
Il t’en faudra des pardons, ma Jeunesse,
Pour oublier un instant de faiblesse,
Si tu es abandonnée sans tendresse,
Mal mariée ou en coupable grossesse.
Ia, l’homme ça fait des arrêts
Dans tous les cabarets
De Nantes jusqu’à Camaret
Et ça joue du jarret,
Ait-il au pied fil de caret,
Au premier mascaret…
Les garçons sont tous de la même glaise :
À nos fest noz, ils ramènent leur fraise,
Il faut qu’ils mentent, flattent, biaisent,
Débitent deux foutaises qui apaisent
Crainte et malaise des filles niaises,
Ou attisent les braises des Anglaises.
Puis, sous un ciel de pommiers, sans fadaise,
Ou un toit ardoisé, causent mortaise
Et tenon, sans vergogne, et à leur aise.
Pour eux, on est toutes des Paimpolaises !
Ia, l’homme ça fait des arrêts
Dans tous les cabarets
De Nantes jusqu’à Camaret
Et ça joue du jarret,
Ait-il au pied fil de caret,
Au premier mascaret…
Ma Caillette, pour eux, robe défaite,
Et corsage déassagi, est fête.
Et qu’importe la morue, la crevette,
Jeune blonde, rousse mûre ou brunette.
Mais ce sont amusettes, amourettes,
Qu’ils oublieront, le cul dans la brouette,
Ces goujats, avec ou sans barbichette,
Enchanteurs nés ou bardes à bouclettes,
Abîmés dans leurs matins sans galette
Noyés de brume et de bière aigrelette.
Ia, l’homme ça fait des arrêts
Dans tous les cabarets
De Nantes jusqu’à Camaret
Et ça joue du jarret,
Ait-il au pied fil de caret,
Au premier mascaret…
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