Cycle pyrénéen
Blottie contre l’épaule endolorie de la chaîne reverdie, comme une vieille ourse enhardie, ma vallée, chaude comme la forge du charron, sort de sa léthargie, elle qui se cache au bout d’une gorge que l’hiver engourdit à peine de ses bras de brume dans une frileuse apathie d’écume.
Sur son ventre avide, le long d’un chemin de roche, court un gave qui grave son cours sans discours. Soumis comme un sillon et sinueux comme une sente, il enlace de ses bouillons et tourbillons, tout au long de sa descente, parfois hésitante et souvent chantante, les pieds austères de ces géants de pierre qui sommeillent plus que leur dû sous un ciel béant d’azur. L’été, tout au long de sa course et à foison, offre des douceurs aux monts ronds et aux creux herbeux qu’Éole, un peu sapajou, soufflant et sifflant, ranime en gonflant ses bajoues. Au loin, ici et là, sur l’enclume du sol tout en vallons et volumes, se perdent les masures en lambeaux désolés des hameaux isolés et des villages perdus revenus, un à un, à la vie quand Phœbus s’est décidé à mettre son blason au diapason de la belle saison.
Quand l’automne prompt sera venu ombrer les saillies et allumer les taillis, roussir la futaie et obscurcir l’été, les nues écorchées d’arcs-en-ciel cicatriciels, en faisant le dos rond, griseront ce pays de cocagne redevenu confidentiel. Un soleil d’étain dans un ciel déteint effeuillera, sans qu’elles le veuillent, les charmes des frondaisons de saison dont elle habille l’horizon échancré et dénudera ses secrets ocrés ou nacrés. Les monts, ayant plus d’altitude que de hauteur, se hausseront moins du col et, non sans dol, ma placide et verte vallée où le temps se dévide à vide dans des champs d’une neige dont le chant s’allège, s’endormira sans un sol jusqu’au vol émouvant des beaux jours suivants, désertée et livide…
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