Petite fable affable sur une idée de Marielle
Un crapaud, de cette espèce-là
Qu’aucun baiser ne fera prince,
Régentait l’étang d’une villa
Par choix du Shah de la province.
Notre batracien excellait
Dans sa tâche non sans se plaindre
De ce qu’on n’aimait pas les laids !
Probe, il sait se faire craindre
Par ses actes et, dans ses rapports,
Se fait humble. C’est son seul sport :
Droit et sec avec le petit
Mais onctueux avec le maître !
« Obtus », « teigneux » et « abruti »,
Sont adjectifs qu’il a fait naître.
Par lui, la Loi à respecter
Se doit d’être inflexible et dure ;
Mieux, c’est l’impopularité
L’aune des bonnes procédures !
Se trouvant toujours admirable,
Ployant sous sa charge, sans tort,
Fort mal-aimé car mal-aimable,
Le visqueux n’était qu’un butor…
Que le crapaud soit sans repos
Plus que l’ire du Populaire,
Fit que l’empereur, à propos,
Nomme un héron, par circulaire,
Pour le seconder aux bureaux
Où sévissait notre bourreau.
Compétent, gentil, serviable
L’échassier faisait plus et mieux
Que l’autre bilieux lamentable
Qui s’en plaignit, plus mal-gracieux
Et laid que jamais, au saint trône.
La Shah ordonna au héron de gober
Cet ingrat enfant de Gorgone.
Il le fit sans se dérober.
Fonctionnaires de bas-étage
Qui avez pouvoir, et abusez
De vos quelques droits sans partage,
Vous disant de labeur usé
En croyant que cela va plaire,
Pour ne pas finir accusé,
Taisez-vous !… La chose est bien claire ?
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