Dans la sérénissime Venise,
Le carnaval parade en la rue :
Les bourgeois sans vertu, accourus,
Fard sur le lard, font et organisent,
Sans la plèbe et ses bruyants minots,
Une fête en loups et dominos.
Tout en masques et en bergamasques
Sans risque d’abus ou bien de frasques
Milles costumes échevelés,
Avec colifichets jusqu’aux basques
Comme veut la coutume fantasque,
Papillonnent, tout étincelés.
Le long des noirs canaux de Venise,
Le carnaval a quitté la rue.
Le populaire est de la revue :
Trop vulgaire, lui qui tympanise,
Cotillons, sifflets de mirliton,
Chapeaux pointus, faces en carton,…
Pourquoi mettrait-il donc des paillettes
Dans ses pâtes ou sur ses mouillettes ?
Les ponts, les places seront marries
De ce défilé de pique-assiettes
Laquais, marquis, arlequins, caillettes,…
Sans cavalcade ni charivari.
Pour le plaisir des palais, Venise
A mis son carnaval hors la rue.
Ni vu ni connu, c’était couru,
Il est passé mais ne s’éternise
Plus que sous les cristals des salons
Où il a conquis lustre et galons.
Les lumières des pistes de danse
Policent, solennisent ses transes,
Quand les parquets des salles de bal
Où breloques, pendeloques, ganses,
Tout en strass et en munificence,
Lui donnent un accent bien vénal…
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