Petite fable affable
Des fourmis firent un tas de tout petits cailloux.
Leur labeur en fit une termitière
Qui, sans cri ni youyou,
Se mua en colline altière.
Sans répit, laborieuses, elles bâtissaient
Ce qui devint montagne.
À voir leur œuvre, les Cieux se sont courroucés :
Quand ces folles s’étaient mises elles-mêmes au bagne,
Ils les avaient négligées, s’en étaient moqué.
Mais vouloir les atteindre était inadmissible,
Tant ils aiment à régner sur des plaines marquées
Qu’ils écrasent de leur puissance inaccessible.
Aussi fallait-il, vite, un châtiment
À l’affront. Ils devaient déchaîner leur colère
Et montrer à ces insignes comment
On punit le vermisseau qui se veut phalère.
Les Cieux sont aussi ombrageux que ces Puissants
Qui, l’ambition de plus humble méprisent,
S’irritant aussi de sa réussite et, en passant,
Lui feront lâcher, au plus vite, prise…
Ô Cieux odieux,
Ô Dieux ocieux,
Craignez, dès aujourd’hui, la révolte des cloportes :
Vous pouvez toujours tonner, leur nombre l’emporte !
Illustration : David Sanjaume, 10 novembre 2010
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