Qui donc dira à l’enfant pleine d’allant,
Assise sous le parasol maternel,
Ce que cachent ses jeux-là sans faux-semblant.
Elle vit à l’heure où le temps, éternel,
Fait rêver, cheveux défaits, que, solennels,
Les chevaux du vent au ciel vont s’attelant.
Elle bâtit et lisse, pleine d’espoir,
Un château que ruinera, mettra à bas
La prochaine marée annonçant le soir,
Sans remords ni regret, sans même un combat.
Elle est toute à ses joies, près du cabas :
Son tunnel noyé s’affaisse sans surseoir.
Elle a écrit, avec force application,
Bien des noms aimés et quelques mots amis
Qu’une l’écume lasse, sans faire attention,
Frôle, lave, estompe, tout ou à demi
Comme toutes ses empreintes endormies
Qu’efface en mourant la vague, sans passion.
Au milieu de nos chimères poursuivies,
Qui donc dira à la douce et frêle enfant
Que, mer qui frémit aux courants qui dévient
Et rafales raflant en ébouriffant,
Cette plage où elle s’amuse, tout enfant,
Est l’image de ce que sera sa vie ?
Illustration : Camille Lesterle, 29 août 2014
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