Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 23 janvier 2012

L'OISEAU D'HONNEUR, DE LEÇONS DONNEUR

Petite fable affable


Un Grand-duc, sorte de grosse buse
Comme on en croise en tous les séjours,
Oiseau de nuit tout en morgue et ruse,
Jouait le soir et dormait le jour
Pour tromper un ennui au parfum
D’éternité et aux relents d’immortalité.
Noctambule sans moralité,
Éthylique mondain, pour d’aucuns,
Il s’ennuyait puisque c’est l’usage
Dans son monde où chacun s’envisage :
Il faut paraître ce que l’on est
Quand, Dieu, ici-bas, on est bien né 
Et montrer ce qu’il faut dire, penser
Ou porter sans souci d’offenser !


Ornant les pages des magazines,
Il côtoyait le roi et sa cour,
Dilapidait - d’autres emmagasinent,
Enfant de rien ou de basse-cour -
Son temps précieux pour un oui, un non,
Et la fortune de sa lignée.
Fier de son nom et de son renom,
Si des mœurs des humbles il s’indignait
Enflé d’orgueil, ce grand misanthrope
Aimait à passer pour philanthrope,
Auprès des autres oiseaux, mal nés,
Qui tant trimaient quand, lui, lanternait ;
Il voulait soulager l’indigent
Pourvu qu’on sache d’où vient l’argent !


Moins il en faisait, sauf pour souper,
Pour sa livrée ou pour ses dépenses,
Plus on en parlait avec respect.
Et, pour lui, cela valait dispense
D’être poli ou de bonne humeur.
Pourtant, Goupil, par un gris matin,
Happa notre indigeste frimeur,
Mais ne mangea rien de ce pantin
Qui voulait régenter, en ce monde,
Tout et tous à cent lieux la ronde.
Si, par les bois, cela fit jaser,
Ne pleura ni pauvre ni blasé !


Un homme héritant de son bien, de son nom,
Restant sans talent ni mœurs, oisif sinon,
Vaut bien moins que son valet qui, dans l’affaire,
Fait, et toujours, et partout, ce qu’il doit faire.
Beaumarchais avec force, et en quelques mots,
En disait autant aux Grands comme aux marmots !

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