Petite fable affable
Un jeune écureuil plein de frivolité
Emménage en un chêne où vivait, benoîte,
Une chouette ermite, savante et coite.
Elle l’accepta avec civilité
Mais sans aménité ni marquée, ni franche.
Le roux passa l’été à courir les branches
Quand l’autre, tout silence, pensait l’œil clos.
Bientôt, au ciel, la morne saison éclôt.
Il faut agir avant que Fœbus ne flanche
Et que les vents ne règnent partout.
Vite, l’agité fait provende de tout
Pressé de s’en aller muser plus encore.
Prudent, il demande à la sage pécore :
« Notre hiver sera-t-il froid, Grand Manitou ?! »
Le ton tenait de la supplique infantile.
« Oui ! » Répond le saint et sage volatile.
L’écureuil reprend donc sa quête effrénée ;
Dans les environs, rien de bon ne traînait.
L’écureuil était fier, lui qu’on dit futile
D’être prévoyant jusqu’à la profusion.
Inquiet toutefois pour ses provisions,
Il retourne voir sa si bonne voisine :
« L’hiver sera-t-il très froid, ô ma cousine ?
- Très ! » répondit-elle sans plus d’effusion
En retournant à sa vie méditative.
Et le voilà qui pique des deux et s’active
Tant et si bien qu’il ne resta baie ni noix
Dans tout le bois et que, sans être sournois,
Il en oublia quelques cachettes hâtives
Ce qui fit rire, en ce lieu plus d’un narquois
Rasséréné, il se demande pourquoi
La chouette n’a rien prévu pour l’hiver, elle.
« Mon amie, la morte saison sera-t-elle
Aussi terrible que ça ? Cela fait un mois
Que je cours. J’en perds le goût de la résine !
- Terrible, cher ami qui tant me cuisine !
- Votre expérience permet de le prévoir ?
- Pas plus que la sagesse. Il suffit de voir
L’écureuil : plus celui-ci emmagasine,
Plus il fera froid. Tu devrais le savoir ! »
Quand, d’aventure, on ne sait que dire ou faire
Ne cherchons pas de conseil auprès de qui
N’en sait pas plus long que soi, même un ami.
Donc, ne comptons que sur nous pour nos affaires !
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