Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 31 janvier 2012

PANNE DES SENS

 Sous ton empire
L’air alourdi ronronne,
La nuit expire.
Dehors, la rue ronchonne :
Le jour transpire
Depuis une heure
Et le ciel pleure
Perle, s’égoutte,
Cisèle, sculpte et ride
De mille gouttes
Des yeux pluvieux ou vides ;
Les nues dégouttent,
Noyant des rires,
Ardant des ires.
La ville fume
Sous la pluie traversière.
Robe de brume
Pour l’ondée tracassière,
Ourlée d’écume,
Qui lèche-vitrines,
Bruit et crachine.
Dans notre chambre,
Où le jour tue les ombres
De reflets d’ambre,
À nouveau mes sens sombrent
Quand tu te cambres…
Et l’eau rigole
Et dégringole…
Ça chute et darde,
Le caniveau rend gorge ;
Ça hallebarde,
Rues et ruisseaux dégorgent…
Bruine et bombardes
Trempent et rincent
 Manants et princes
Qui s’effarouchent :
Au passage, l’orage 
S’épanche et douche,
Pas sage, dans sa rage,
Burnous, babouches…
L’humeur humide
Des cieux numides !
Le grain agresse.
Il abreuve l’asphalte
Jusqu’à l’ivresse.
Quatre ou deux roues sulfatent.
Larmoient en liesse
Des pépins flasques.
Il pleut des flaques.
C’est un déluge
Qui, dès lors, se déclenche ;
Point de refuge
Quand les nues avalanchent
Jusqu’au grabuge…
Pluie cristalline,
Sauce argentine.
Il pleut des mares.
Mon corps, encor’ navire,
S’abîme au tintamarre…
L’accord accort chavire.
L’âme à l’amarre,
Le cœur en grève
S’échoue… La trêve ?
Soupe servile,
L’averse verse à vide,
Lave la ville
Et se déverse, avide,
En trombes viles…
Laissons là l’ire
À son délire !

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