Sous ton empire
L’air alourdi ronronne,
La nuit expire.
Dehors, la rue ronchonne :
Le jour transpire
Depuis une heure
Et le ciel pleure
Perle, s’égoutte,
Cisèle, sculpte et ride
De mille gouttes
Des yeux pluvieux ou vides ;
Les nues dégouttent,
Noyant des rires,
Ardant des ires.
La ville fume
Sous la pluie traversière.
Robe de brume
Pour l’ondée tracassière,
Ourlée d’écume,
Qui lèche-vitrines,
Bruit et crachine.
Dans notre chambre,
Où le jour tue les ombres
De reflets d’ambre,
À nouveau mes sens sombrent
Quand tu te cambres…
Et l’eau rigole
Et dégringole…
Ça chute et darde,
Le caniveau rend gorge ;
Ça hallebarde,
Rues et ruisseaux dégorgent…
Bruine et bombardes
Trempent et rincent
Manants et princes
Qui s’effarouchent :
Au passage, l’orage
S’épanche et douche,
Pas sage, dans sa rage,
Burnous, babouches…
L’humeur humide
Des cieux numides !
Le grain agresse.
Il abreuve l’asphalte
Jusqu’à l’ivresse.
Quatre ou deux roues sulfatent.
Larmoient en liesse
Des pépins flasques.
Il pleut des flaques.
C’est un déluge
Qui, dès lors, se déclenche ;
Point de refuge
Quand les nues avalanchent
Jusqu’au grabuge…
Pluie cristalline,
Sauce argentine.
Il pleut des mares.
Mon corps, encor’ navire,
S’abîme au tintamarre…
L’accord accort chavire.
L’âme à l’amarre,
Le cœur en grève
S’échoue… La trêve ?
Soupe servile,
L’averse verse à vide,
Lave la ville
Et se déverse, avide,
En trombes viles…
Laissons là l’ire
À son délire !
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