Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 5 octobre 2011

DANS LE CŒUR DE KORÊ

Cycle historique


Ah, quand je pense au mariage,
Puisque bientôt j’en aurai l’âge,
En regardant autour de moi
Je constate, non sans émoi,
Que tous les Hommes
Ne sont, en somme,
Que gringalets mal attifés
Ou bien machos ébouriffés !
Comment pourrai-je me produire
Ou, j’en frémis, me reproduire
Avec ceux-là
Sans tomber bas ?!

Car, moi, je rêve d’un athlète,
Les abdominaux en tablettes,
Des tas de muscles où il faut,
Qui soit serviable et doux… Et ’faut
Qu’il soit très riche,
Un peu potiche…
Je ne veux pas de ces zéros,
Qui d’un cœur se font le bourreau,
Qui courtisent en vous la madone
Dont il ne feront que leur bonne,
Marchant bien droit,
La bague au doigt.

M’man, je veux qu’Héraclès m’épouse !
Je veux devenir la faiblesse
De ce céleste et fier barbouze…
Je ne finirai pas abbesse :
Je vais marier Héraclès
Quoi qu’en dise et qu’en pense Arès !

Je ne voudrais pas d’un Ulysse
Qui recherche charme et délices
Des premières Vénus venues
Et pour qui, comme convenu :
« À femme sage
Mari volage ! »
Je ne veux pas plus d’un Thésée
Qui, après vous avoir baisée,
Comme un Anglais se carapate
Oubliant qu’il traîne à sa patte,
Un fil pendant,
Et qu’on l’attend.

Moi, je ne veux que mon Hercule,
Ce demi-dieu en majuscule,
Pour soupirant et pour parti.
je lui donnerai, sapristi,
Le corps et l’âme,
Pour qu’il s’enflamme,
Pour voir râler tout’mes amies
Et se pâmer mes ennemies :
À moi le pouvoir, la puissance,
Et le mépris, et l’arrogance,
De Mégara
Sur l’agora.

D’Héraclès je serai l’épouse,
Et finirai ainsi déesse
Parmi les Grands, parmi les Douze…
Par Zeus, il m’en a fait promesse
Je vais marier Héraclès
Dans les bois de chênes kermès !

La ceinture d’or d’Hippolyte
Mais aussi les hétéroclites
Pieds d’airain, cornes et toison d’or
Orneront notre corridor.
Mieux, ce colosse
Pour mes - nos - noces
Tuera un lion affamé
- Que ne fait-on pour son aimée ! -
Et il m’offrira sa fourrure
En présent, parmi d’aut’ parures,
En généreux
Héros heureux.

Il ne voudra pas qu’je débourse
Et fera lui-même les courses :
Bœufs d’Érythie, taureau crétois
Ou pommes d’or pour qu’on festoie ;
Qu’on ne lésine
Pas en cuisine :
Pâtés d’oiseaux, de sanglier,
Steak de cheval ou de bélier,…
À notre table les torchères
N’embraseront que bonne chère
Car mon costaud
S’ra bon cuistot !

P’pa, je veux qu’Héraclès m’épouse !
Ce sera l’ultime prouesse
De ce héros qu’a tant de flouze…
Quoi qu’en disent les prophétesses
Je vais marier Héraclès
Malgré Hermès et même Hadès !

Puisqu’il aime les chiens féroces,
Il ira fair’ pisser la rosse
Qu’il a ramenée des Enfers
En sortant la poubelle en fer,
Sale et branlante,
À nuit tombante.
Je le mèn’rai par les naseaux,
Lui abandonne le fuseau,
Lui laissant aussi le ménage
Puisqu’il dit partout, sans ambages :
« Chez Augias,
Je fus un as ! »
Puisqu’il aime à se rendre utile
Avec mille travaux futiles,
Avec moi, il ne manquera
Ni d’ouvrage, ni d’embarras
Pour qu’il ne pense,
Ni ne recense
Les Belles qui lui f’ront de l’œil,
Voulant usurper mon fauteuil.
Les jalouses et les rivales
Déjà, tout’, après lui, cavalent ;
Pas de mourron :
J’ai le bras prompt !

D’Héraclès je serai l’épouse !
Restez au gynécée, Diablesses,
Je tue qui me double ou me blouse,
Par Héra, j’en fais la promesse :
Moi, mariée à Héraclès,
Chez nous, les gnons feront florès !

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