Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 1 octobre 2011

ÉLÉGIE À LA LÉGÈRE

Dans quelque vieux jardin de Bâle,
Avec son parfum pour tout râle,
Une fleur aimée se meurt. Pâle.

Tu me dis : « Combien d’autres roses-thés,
Après avoir fleuri puis, végété,
Partent en pièces, d’un souffle emportées ?

La voix du vent envieux les glane,
Les pend à ses voiles, ricane,
Puis s’en va au loin, comme on flâne.

Et les couleurs effeuillées par l’été,
Flétries enfin, dispersées, maltraitées,
 Sont condamnées aux eaux du noir Léthé.

S’envolent les pétales lisses ;
Sans bruit ni fruit, qui choient et glissent
Au sol nu, corolle et calice…

Tout a, croit-on, un temps qui, acquitté,
Efface, enterre ce qui a été.
Instants. Moments. Tout est brièveté. »

C’est ainsi : les fleurs se ternissent ;
Sans heurt, sans pleurs, elles finissent
En vieux souvenirs, exquises esquisses…

Je pleure pourtant cette rose-thé,
Qui marque le terme de notre été
Sans que toi, tu n’en paraisses affectée.

Chaque amour, dit-on, qui se fane
Est une fleur ocre ou diaphane
Que le temps et les vents profanent.

Aussi les heures se sont arrêtées,
Près de cette source qui sanglotait,
Près de ton profil que la brune sculptait.

L’ombre froide et bleue fait un châle,
Enveloppant ce coin de Bâle,
Sans réchauffer tes yeux plus pâles.

Autour de ce jardin, rien ne se tait
Que mon pauvre cœur béant, hébété,
En parts éparses, au sol émietté.

Illustration : Élisa Satgé, pritemps 2017

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