D’amer létal en mer étale, il va cinglant,
Où les vents sont dolents ou par trop turbulents,
Sa quarantaine, à force d’avaries, dérive
Puis chavire, ayant perdu l’espoir d’une rive.
Il a roulé dans les tempêtes de la vie
Tangué dans la tourmente des plus folles envies,
Mais son bateau s’abîme, coule comme une ombre.
Submergés de doutes, ses jours et ses nuits sombrent.
Sous ces ciels sans issue, n’espérant plus de port,
Sa vie agonise en vagues sur tant de grèves ;
Sous des soleils qui suent, n’espérant plus de port,
Au vents insuffisants, pend la voile des rêves…
Des amours qui se terminent en queue de poisson,
Qui tombent sans cesse à l’eau, sans plus de façon,
Et un métier où on l’humilie et on l’use ;
Telle est toute sa vie, radeau de la Méduse !
Il ne veut plus lutter : les voies d’eau de son cœur,
Les coups de vent de son âme seront vainqueurs.
Et il se laisse échouer par sa solitude,
Épave affligée, noyée par l’incertitude.
Sous ces ciels sans issue, n’espérant plus de port,
Il craint le jour levant comme d’aucun le glaive ;
Sous des soleils qui suent, n’espérant plus de port,
Il craint au soir suivant que l’orage ne crêve…
Il n’a jamais voulu jeter par dessus bord
Ce qui sera toujours le plus lourd à l’abord :
Le raz-de-marée des regrets qui tout inonde,
Ces déceptions tournant sans cesse au grain qui gronde,
L’écueil du remords et des culpabilités,
Les hauts fonds du chagrin, des projets avortés,…
Avec, en plus, la conscience d’être inutile,
Que tout ce qui peut venir de lui est futile.
Sous ces ciels sans issue, n’espérant plus de port,
Le voyage a perdu de son sel, de sa sève ;
Sous des soleils qui suent, n’espérant plus de port,
Lassé, il n’attend plus de hâvre ni de trêve…
Après ces vaines nuits blanches où il broie du noir,
Où il croise dans les males eaux de son miroir,
Il vogue au hasard des jours, la mine défaite…
Mais il est l’heure de repartir à la fête,
D’aller à la gare pour arpenter ce quai
Où, pour une autre journée, il va embarquer.
Il y sera, c’est sûr, bien à l’heure, et sans faute.
Mais, ce matin, il passera le cap. Il saute…
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