Cycle toulousain
Comme ceux de l’ancien temps
Un pépi vieilh arpente ces berges,
Où un bas-relief héberge
L’image du Languedoc d’antan.
Toujours fringant et bien fringué l’homme !
Souvent, dit-on, sur son trente-et-un,
À pas menus, seul, dans les arômes
Du jardin, il fume son pétun.
Jusqu’à ce que les bruits, les bris l’assomment,
Là, face aux deux canaux qui sommeillent,
Au petit port longtemps déserté
Et aux quais qui s’embouteillent,
Il se souvient, l’âme en liberté,
Des façades à colombage et treilles.
Lui, il n’est pas le mari
D’une menine qui, miel, minaude.
Non, la sienne baguenaude
Sous une dalle de marbre gris.
Alors, tout le jour, il les regarde,
Ces canaux devenus des allées
Que leur splendeur passée sauvegarde,
Ces canaux emplatanés, mêlés
Aux rues où se ruent trop de guimbardes :
Plus que la veille et toujours ça rentre !
Mais plus de tram’ pour aller au Centre,
Ni manufactures, ni bistrot,…
Plus de péniches vidant leur ventre
Là-bas, aux magasins généraux.
S’il sourit dans sa maraude,
Il y a bien longtemps qu’il n’a pas ri,
Il a des pensées nigaudes,
Souvenirs d’un temps qui a péri.
Il songe à ces galets de Garonne,
Aux briques des ponts enjumelés,
Contre ce progrès qui l’environne
Il ne cesse pas de grommeler.
Il vient vieux, les cheveux en couronne…
Alors, chez lui, seul, il s’en retourne
Se faire tartir dans son appart’
Attendre cette faux qui ajourne
Sa venue. Et il en est hart,
Lui, de ses poutingues qu’il enfourne…
Depuis qu’est né le printemps
Un pepi n’arpente plus ces berges,
Où un bas-relief héberge
L’image du Languedoc d’antan.
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