Oh, si tu voulais revoir
Ce garçon brun, timide,
En tablier bleu,
Qui, d’un doux regard humide,
Te couvait des yeux
Sur cette photo de classe,
Sous le catalpa,
Tu n’en reviendrais pas
Comme le temps passe !
Si tu voulais le revoir…
C’est vrai,
Des pluies sont tombées,
Par les vents séchées,
Sur des souvenirs délavés
De cette enfance oubliée
Aux franges d’un vieux cliché…
Fragmentés, ils s’obstinent à nous hanter !
Si tu pouvais savoir
Ce qu’alors taisaient ses lèvres,
Scellées à jamais
Par la plus douce des fièvres ;
Oui, il t’a aimée
D’une manière impensable
Le cœur triomphant
À la façon des enfants :
D’un amour impérissable !
Tu ne pouvais pas savoir…
C’est vrai,
Tant de pleurs versés,
Par le temps séchés,
Sur des souvenirs érodés
D’une enfance consignée
Aux pages d’un vieux cahier…
Fragmentés, ils s’obstinent à nous hanter !
Si tu pouvais le voir
En chemise bleue marine,
Chauve et bedonnant,
La vue qui décline
Et le verbe bourdonnant
Saurais-tu le reconnaître
Ce galant muet
Aux sentiments désuets
Qu’au fin amor tu fit naître ?
Si tu pouvais me voir !
C’est vrai,
La boue a séché,
Par mes pleurs lavée,
Sur des souvenirs galvaudés
De cette enfance éloignée
Aux franges d’un vieux cliché…
Mais qui reviendra toujours me hanter
Car je veux fuir un passé
Par la mémoire enchanté !
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