Dans l’aube qui s’embrume,
Les teintes ocres et rouille
De ces feuilles, que fouillent
Les souffles qui s’enfument,
Couvrent de leur tourments
La terre au bois dormant…
Et l’ombre doucement,
À l’ambre et à l’or, ment.
Noir dans le ciel de cendre,
Un corbeau, sans s’entendre,
Annonce sans attendre
Que l’hiver va descendre.
Sa musique remue
En moi tout un essaim
De sons, menus larcins
De nuits d’été émues…
Le vent froid de l’automne,
Qui acère sa lame
Et lacère mon âme,
A rendu presque atones
Tous les chants en allés,
Par les champs les allées,
Aux rives des vallées
Par le givre avalées.
Dans la fraîche indolence
D’un linceul de silence
De vieux cyprès balancent
La pointe de leur lance ;
Des arbres de Judée
Offrent aux nues voilées
Un lugubre ballet
De branches dénudées.
La source souterraine,
N’étant plus si sereine,
Pleure plus fort sa peine :
Il a plu sur la plaine,
Maquis marécageux.
Cette brume imposée
Brouille mon nuageux
Passé décomposé…
Mes yeux rougis s’alarment
Pourquoi fuir ma présence ?…
Je bois, en ton absence,
La liqueur de mes larmes ;
Parmi les fleurs fanées,
La boue des souvenirs,
Encore, a profané
Mes rêves d’avenir.
Figeant le paysage,
Éclot et s’effiloche
L’écho sourd d’une cloche.
Ô funeste présage !
Le ciel de plomb remue :
Les voix des vent se nouent,
Plaintives, se dénouent,
S’enrouent,… Et leur chant mue
Quand la bise s’aiguise.
Son cri déchire la terre,
Et me laboure, austère,
Os et chair à sa guise.
Saturne va glaçant
La campagne endormie,
La sève de mon sang
Et mon cœur à demi.
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