Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 19 octobre 2011

LA VIOLETTE, L’ÉGLANTINE, LE SOUCI, L’AMARANTE & LE LYS

Cycle toulousain
Au Consistoire du Gai-Savoir

Alors que l’Oïl portait l’estocade,
Le fer, le feu dans chaque bourgade,
 Voulant l’Ōc soumis, sans compromis,
Ma cité, ultime souffletade,
Entre La Salade et La Daurade,
N’eût point un seul poète, ma Mie,
Mais plutôt toute une pléiade.
Ce chœur-là battait à la chamade,
Joutant ses fleurs, avec bonhomie,
Pour une foucade, une toquade,
Chantait sa langue à la cantonade
Et l’assit en son académie.

Et, alors que l’Oïl en escouades,
Prétextant quelconque couillonnade,
Brisait l’Ōc et son autonomie,
Des baladins chantaient en tirades,
Les ciels d’arcades, les colonnades,
Inventaient l’Amour, son alchimie,
Sans jérémiades, en ballades.
Toujours l’esprit et l’âme en balade,
Ils ont commis, ils se sont permis,
Derrière de riantes façades,
Vertes et verbales rebuffades,
Se refusant toute prud’homie.

Quand l’Oïl n’était que rodomontades,
Cris de croisade et pas de parades,
Que l’avenir d’Ōc s’est endormi,
Malgré Toulouse, malgré Moncade,
Au Capitole en capilotade,
Des troubadours lançaient un semis
De mots, cascades et myriades,
Tentaient une dernière bravade.
Point de paix, apparente accalmie ;
Avec des rimes pour barricades,
Ils cachaient des vers en embuscade,
Images rebelles à demi.

Quand l’Oïl cessa enfin sa bastonnade,
Aux neuf sœurs, il fit des ambassades.
Aussi l’Ōc, l’œil maussade, promit :
Plus de ruades, des embrassades !
Entre esplanades et promenades,
La répartie mourant d’anémie,
On ne chantait plus que les œillades
Les escapades et les passades.
Le banal devint épidémie
Et le chant se fit rossignolade,
Prêtant souvent à la rigolade,
N’enchantant que mamies et momies.

Puis l’Oïl ne portant plus l’algarade,
L’Ōc s’en revint à ses bambochades,
À sa boulimie de tout-permis,
Pour se l’oublier qu’on l’embrigade.
Et, entre aubades et sérénades,
On se pliait face à l’ennemi
Que l’on raillait sur maintes estrades,
De boutades en arlequinades…
Mais la pléiade avait blémi.
Et de mascarade en cavalcade,
On oublia, aillade et croustade,
Les muses pour la gastronomie.

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