Petite fable affable
Le Tigre était roi des bêtes.
Pour animer sa Cour et ses jours,
Ou même égayer ses fêtes,
Il avait un fou. Comme toujours,
Au palais, cette vedette
Auscultait tout du royal séjour :
Il médisait des carpettes,
De qui faisait banquette, abat-jour,
Ciblait potiches, crevettes,
Valets d’un jour, laquais de toujours,…
Et pour le respect suspect, bonjour !
Parodie, caricature
Et libre parole sont sacrées
Aux peuples de la Nature
Chez qui ces valeurs sont bien ancrées.
C’est avec désinvolture
Que notre bouffon s’y consacrait ;
Orang-Outan peu mature,
Flanqué d’un gros ours, il massacrait
Mordant à toute denture,
Jusqu’au Tigre, souverain ocré
Qui n’aime que courtisans sucrés.
Lui en riait comme on grince,
C’est là royale libéralité.
Deux ans durant, il en pince
Pour l’insolent. En réalité
La plèbe aime ses tours. Mince !
Mais, à bout, sans plus d’aménité,
Avec l’autre ours, il l’évince.
Il veut un rire en vassalité,
Et donc recrute, bon Prince,
Un autre singe. Fatalité,
Deux mois plus tard, il l’évince ;
Avec celui-là, aussi, ça coince !
Hommes et bêtes, Sujets ou Citoyens,
Quand nos bons rois ne tolèrent plus le rire,
Ou bien le contrôlent par quelque moyen
C’est que la tyrannie commence… ou bien pire !
Illustration : David Sanjaume, 21 juin 2011
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