Petite fable affable
N’en déplaise aux bigots qui jouent tant du clapet,
La toute première dispute conjugale
Eut lieu dans un jardin aux joies plutôt frugales
- Un foyer au loyer si bas, c’était suspect ! -
Quand Adam déclara : « Tu es née d’une côte
Que m’ôta, un beau jour, le Barbu qui chipote
Là-Haut, au premier, prompt et preste - Grand respect ! - :
Donc, tu te dois de m’être vassale et soumise
Puisque, grâce à moi, tu fus ici-bas admise !
- Foutaises ! » répliqua Ève non sans toupet.
Adam et Ève, tout juste nés,
À peine unis, se bouffent le nez
Pour décréter qui donc, de la Femme
Ou de l’être ayant déjà une âme,
Est le plus fort, le mètre-étalon,…
Bref : qui doit porter le pantalon !
- “Courage” et “talent” ne sont-ils pas masculins !
Comme “muscle” ou “cerveau” et, je te le rappelle,
Ou “honneur”, … Des comme ça j’en ai à la pelle !
- Et “intelligence” ou “force”, Mon Gros malin ?
Comme “courtoisie” et “retenue” : féminines !
- “Douleur” et “violence” le sont tout autant, Ménine !
Mais je crains qu’ “amour”, “pardon”, “cœur”,… ne soient mâles. Hein !?
- Comme “bavardage”, “fiel”, “bruit”, “malheur” et “bide”
Comme “serpent” ou “con”,… sans vouloir être perfide !
- Ton raisonnement ne vaut pas un fifrelin ! »
Et nos amants, nos blondinets,
Se chamaillent et, pis, s’obstinaient,
Pour décider qui, de la femme
Ou de l’Être ayant déjà une âme,
Est le plus fort, le mètre-étalon,…
Bref : qui doit porter le pantalon !
« Parce que l’erreur se conjugue au féminin
Dieu t’a bien voulue de beaucoup mon inférieure :
“Paresse” et “colère” - verte ou même intérieure ! -
L’”envie” et son venin, la “gourmandise” enfin.
- Que “la” charité et “la” foi, Mon Cher, compensent !
Et “vertu” ? “Qualité” ? Mots féminins, je pense !
- “Luxure”, “avarice”,… serait-ce du bénin !
Oui, sois heureuse, Toi la fille du Tartare,
D’être encore de ce monde, malgré tes tares !
- Ne pêcherais-tu pas là par “orgueil”, Le Nain ?! »
Et nos amants, nos blondinets,
Se chamaillent et, pis, s’obstinaient,
Pour affirmer haut qui, de Madame
Ou de l’inventeur du mélodrame,
Est le plus fort, le mètre-étalon,…
Bref : qui doit porter le pantalon !
« “Traîtrise”, “bêtise”, “plaie”, “maladie”, “horreur”,
“Catastrophe”, “peine”, “stupidité”, “vengeance”
Me paraissent être féminine engeance.
- “Le péché” et ”le mal” sont virils sauf erreur.
“Joie”, “bonté “ou “beauté”, “passion”, “douceur”, “tendresse”
“Armée”, “virilité”,… n’ont pas la même adresse !
- Comme “faute” et “faiblesse”, “lâcheté” ou “ terreur”
- Ajoute ”honnêteté “, “piété”, “pitié”, “justice”
S'opposant au “mensonge” et aux “délits”, “crime” et “vice”,…
Ou “défaut”. À ce jeu, je te bats, Péroreur ! »
Et nos amants, nos blondinets,
Se chamaillaient et, pis, s’obstinaient,
Pour affirmer haut qui, de Madame
Ou de l’inventeur du mélodrame,
Serrerait, à l’autre, les boulons
Mais aucun ne cède tout du long !
Ils boudèrent jusqu’à l’heure où vient le laitier…
Or, bien qu’ils soient tout seuls dans leur verte paroisse,
Le Barbu du premier voulait qu’ils croient et croissent,
Et pour ne pas faire, à la main, ses héritiers
Pour effacer ses traits, l’Homme offrit une pomme
À sa moitié, soit bien des emmerdes en somme
À ceux qui naquirent de ces usufruitiers
D’un lieu où personne ne portait de culotte
Les condamnant tous, quoi qu’en dise la calotte,
À se peler le cul sous leur abricotier !
Et tout ça parce que nos aînés,
À peine unis, se bouffaient le nez
Pour affirmer haut qui, de Madame
Ou de l’être ayant déjà une âme,
Serrerait, à l’autre, les boulons
Et devait porter le pantalon !
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