Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 3 octobre 2011

SOLITAIRE


« Fraternellement seul, fraternellement libre » P. Éluard (1895-1952)

J’étais un gosse, en butte aux crosses,
Aux railleries des sots,
De quelques rosses, un peu précoces,
Jouissant dans l’assaut ;
Fuyant la foule et ses héraults
- Ce grégaire cyclope ! - 
Ses cris, sa houle et ses haros
Qui toujours vous salopent,
Je fus un gars sans fleurs ni foi,
Quelque Savonarole
Un peu gaga, un rabat-joie
Fui comme la vérole,
Qui murmurait ses préférences
Ou ses condamnations
Et sussurait ses insolences
Et ses aspirations,

Un solitaire sans envie,
Ètranger à sa propre vie
Sur qui, souvent, on déblatère
Car il erre tout seul sur Terre…

Je fus un gars sans fleurs ni foi,
- Chacun ses casseroles ! -
Rêvant sagas et feux grégeois,
Bandits et banderoles,…
Étant un gosse en butte aux crosses
De tous les bécasseaux
Qui vous cabossent, vous désossent
Ou vous jettent au ruisseau,
J’ai abjuré la violence
Et toute prétention,
Puis mesuré la dissemblance
De ma situation
Avec celle de l’humain flot,
Ce troupeau interlope,
Qui, foulant les rues au grand trot,
Parfois, vous enveloppe…

Un solitaire qui se terre
Ça n’est jamais vraiment ravi
D’être une proie toujours servie
Parce qu’il vit tout seul sur Terre…
J’étais un gosse, en bleus et bosses
Que j’amassais à seaux.
« Si on se gausse des Molosses,
Insigne Vermiceau,
On déboule pour fuir l’accroc
comme cheval galope ;
Sinon chair de poule, Zéro ! »
Que n’étais-je antilope !
Je fus un gars sans jeux ni joie,
Quelque drôle sans rôle
Qui en bava fort quelques fois,
Par l’acte et la parole,
Toujours muré dans le silence
Et dans sa discrétion ;
On torturait d’indifférence
Son manque d’affection…

Mais un solitaire survit
À tous les avis de la vie
Bien qu’il sache, hère involontaire,
Qu’il vivra toujours seul sur Terre…
En solitaire sans envie,
Ètranger à sa propre vie…

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