Petite fable affable
Les boulettes, les croquettes et pâtées
C’était le bon régime de l’empâté
Qui décorait l’appart’ de l’épicière
Au lieu de traquer la gent souricière.
Ah boulettes ! Ah, croquettes et pâtées
Il n’y avait que cela pour l’appâter !
Lassée de ce loustic, sa vieille maîtresse
Un beau jour, s’en débarrasse. La traîtresse
L’offre à quelque parente vivant aux champs
Le disant chasseur habile et fort méchant,
Sachant laisser toute ratière en détresse
Et mieux, lacer les trotte-menues en tresses.
Notre matou matass, lâché au grenier,
Devait donc y jouer au fier braconnier.
Croyez-vous que la fermière l’en informe ?
Mistigri dormit dans un fatras informe,
Lui qu’on voulait un tueur, un boucanier,
Était, pour tout cela, bien trop casanier.
Le premier soir venu, il ne vint personne
Pour le nourrir un temps, lui que l’on cloisonne
Dans ce lieu sombre et poussiéreux,
Où aucun chat ne peut vivre heureux.
Il sent pourtant qu’en cuisine on assaisonne
Puis qu’enfin, la faim, le prend et le tisonne.
Un petit rat des champs hirsute et crotté,
Vint, sous ses longues moustaches, à trotter.
Jamais, ce chat n’avait jamais vu pareille bête
Appétissante comme botte de bettes.
Sale et laid, le rat a beau tournicoter
Sur son poil, toujours le minou ergotait.
Et les jours s’entassent. Et les nuits passent.
Mistigri attend en vain, le rat se surpasse
Pour attirer son attention. Mais gâté
De boulettes, de croquettes et pâtées
L’autre espère toujours qu’on vienne. Dans l’impasse.
Puis, miné, le minet amaigri, trépasse.
Bien souvent notre situation varie,
Bien fol est celui qui jamais ne s’adapte
Car la Vie, ma foi, est une vacherie
Perpétuelle qui anéantit l’inapte !
Esquisse : Élisa Satgé, 2017
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