Chez nos penseurs, nos chers pédants,
Et autres cuistres dorés sur tranche,
Pleins de génie et d’ascendant,
On a œil noir, chemise blanche,
Esprit étroit et de revanche.
Le philosophe est un gourou
Montrant qu’il faut qu’on s’endimanche
Avant de penser peu ou prou.
Ces papes de l’Ego, grondant
Ou conseillant en avalanche,
Idées rares, mots abondants,
Nous vendent, la voix fière et franche,
Leur « art pathétique » en tranches :
Comment disserter sans frou-frou
Ou causer de tout comme un manche,
Avant de penser peu ou prou.
Arrogants, même outrecuidants,
Tous ces crétins de bonne branche
Dont le verbe est condescendant,
La montre et le propos étanches,
Ont toujours du pain sur leur planche :
Toujours, partout, ils font leur trou
- Et la semaine et le dimanche -
Avant de penser peu ou prou.
Hâbleurs dont la mémoire flanche
Sur nos vies, vous posez verrous
En posant sur nos maux votre anche
Avant de penser peu ou prou…
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