Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 17 octobre 2011

LA BELLE OCCITANE

Cycle toulousain


Dans les ombres des tours capitulaires,
Les rues se délient, sur lit de galets,
Le long de murs aux briques séculaires
Sous lesquels résonnent tous les couplets
D’une pléiade oubliée, reflet
De cet antan où la langue occitane,
Sous le couvert généreux des platanes,
Régnait au-delà du fleuve agonisant.
L’âme moins courtisane que gitane,
Toulouse dépayse le présent.

Aux portails crénelés, de pierre claire
Sculptés en broderies et ciselés
D’armoiries moussues ou crépusculaires,
Sonne encore le fer fier des mulets.
S’ouvrent sur des façades sans volet,
Des fenêtres à meneaux à la soulane,
Que le soleil d’été blanchit et tanne.
Dans son décor hors du temps, apaisant,
Le cœur plus au profane qu’aux soutanes,
Toulouse dépayse le présent.

Au mur, décrottoir semi-circulaire
Et pierre à charrette à l’angle accouplée.
Plus haut, oubliés, des cadrans solaires
Lorgnent les mosaïques de galets
Des cours pavées, gris, blancs, entremêlés ;
En partent treille et pampre qui chicanent
Les glycines, attaquent les toits qui fanent
À l’assaut de cieux silencieux, pesants.
Cachant tonnelles et jardins plaisants,
Toulouse dépayse le présent.

Ma mie, qui as le bon du  cœur en panne
Viens respirer l’antan comme un havane
Là où l’Autan transpire en vous causant
Car, bien mieux que la cuisine persane,
Toulouse dépayse le présent.

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